Oeuvres / Sonate


pour flûte et piano, Op. 3 n°2¹
Création, Moscou,
solistes A. Korneev et A. Constantinidi (1985)

durée : 11' 30''

Une ligne rencontre une ligne.
Une ligne évite une ligne.
Aventures de lignes.
Une ligne germe.
Mille autres autour d'elle, porteuses de poussées ...
Une ligne renonce, une ligne repose ...

Henri Michaux




Le texte d'Henri Michaux, placé en exergue de la sonate op.3 n°2, sous-tend les contours plastiques et dynamiques de cette oeuvre  (premier opus publié de B. Ducol) dont la forme épouse une allure essentiellement poétique.

Les 4 parties de cette sonate en un seul tenant, sont reliées par de courts passages solites (cadences) contrastés. Les lignes instrumentales, parfois en canon, parfois distribuées en petites cellules aux deux instruments, sont éclairées par des couleurs bien distinctes : 3 types de flûte différents, cordes pincées, harmoniques et résonances multiples du piano, etc. Chacun des partenaires exprime ici - comme dans un couple amoureux - toute sa singularité, ses rythmes et timbres enrichissant la palette des possibles dialogues.

L'art n'est pas un but en soi, mais un moyen de parler avec les hommes disait Moussorgsky.

Cette sonate est dédiée à Gabriel Longueville (un de mes professeurs qui contribua à ma vocation) et à tous ceux qui comme lui sont morts, victimes des dictatures latino-américaines et de tant d'autres, hélas. Dans les temps de trouble que nous vivons, il est urgent de redire comme Mezz Mezzrow que l'art est le meilleur diplomate du monde. Je souhaite que ses interprètes (A. Ducol, P. Pierlot, R. François, P.Y. Artaud, J. Mefano, A.M. Morini, B. Lebon, A. Korneev, D. Denisov, A. Arias, G. Garcin, C. Nessy, O. Renault, J.L. Beaumadier, etc.), qui l'ont déjà transporté dans de très nombreux pays, soient les porteurs de ce message.


1 Sonate pour flûte et piano, Éditions Alphonse-LEDUC, Paris, 1983.